dimanche, décembre 17, 2006

Témoignage sur le 10 décembre 2006 à Laayoune: Djimi Elghalia (+ english)

Témoignage sur le 10 décembre 2006 à Laayoune

NOM et Prénom : Elghalia Djimi
Statut : défenseur des droits de l’homme, vice-présidente de l’Association ASVDH, membre du Comité des Familles des Disparus Sahraouis et ex-disparue entre 1987 et 1991.
Age : 45 ans
Etat civile : mariée et mère de 5 enfants.

Le 10 décembre 2006, à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale des droits de l’homme, j’ai été, avec mes camarades, près de la place désignée pour le sit-in que notre association voulait organiser à cette occasion. L’ASVDH avait envoyé un avis aux autorités locales pour les informer sur l’heure : 17h, et l’endroit : place Negjir, du sit-in conformément à la loi en vigueur.
Effectivement, nous étions près de la place à 16 :55, et dés notre arrivée nous avons constaté que les forces répressives marocaines avaient bouclé la place et fermé toutes les voies qui mènent de et vers la place du sit-in. Nous nous sommes avancés pacifiquement, et soudain, le tortionnaire ICHI Abou Hassan, qui était dans son véhicule, une Land Rover 110 blanche, suivi d’une staffette des ex-GUS, a sauté de sa voiture, encore en marche, suivi des policiers qui étaient dans les deux voitures. Ce tortionnaire s’est alors précipité vers moi, furieux et tremblant, avec d’autres policiers habillés en uniforme et en civil. Les autres se sont dirigés vers les autres camarades qui étaient à mes cotés, comme : Brahim Dahane ,président de l’ASVDH, le fameux Sidi Mohamed DADACH, prix RAFTO et président du Comité de soutien à l’autodétermination au Sahara Occidental, le célèbre défenseur des droits humains Hamad HAMMAD, membre du même comité, Mohamed Saleh DAILLAL, ex-disparu et rescapé de KALAAT M’GOUNA, Mohamed HAMMIA, militant sahraoui des droits humains, et d’autres citoyens et défenseurs des droits humains sahraouis présents sur le lieu pour participer au sit-in.
Je reviens à ce qui m’est arrivée. Le tortionnaire ICHI Abou Hassan, s’est adressé à moi d’une façon furieuse et violente. Il m’a pris par les bras en me secouant avec force et m’insultant avec des gros mots. J’ai levé mes mains en lui répondant : <>. Il m’a répondu d’une voix pleine de haine et de rage : . Et il m’a donné un violent coup de pied qui m’a jeté par terre. Tout cela était arrivé brusquement et en un clin d’oeil.
Après un instant je me suis levée avec peine et j’ai levé une autre fois mes mains en l’air et j’ai répété : . Il a pris sa matraque sans prêter attention à mes mots et l’a tournée pour me frapper avec son poigner et commence à me donner des coups de matraque sur mes fesses, et crie, enragé, lui et ses hommes :. je lui ai répondu que ne nous sommes pas des malfaiteurs ni des voleurs pour que nous fuyons, mais nous voulons partir en toute tranquillité en enregistrant votre répression sauvage à notre encontre.>. (Je signale que j’ai pris des photos que je ne peux pas diffuser vu la sensibilité des endroits tabassés).
Mes camardes, qui étaient près de moi ont subit, eux aussi, les mêmes traitements inhumains. Par exemple : Brahim DAHANE ( il est torturé devant mes yeux, il l’ont sauvagement battu et à chaque fois qu’il tombait par terre il se mettait debout jusqu’à la troisième fois où un policier habillé en civil, venu en courant, lui a donné un coup de pied sur son appareil génital et Mr. DAHANE tomba sur le trottoir. Heureusement sa tête ne s’est pas cogné au trottoir qui se trouvait à quelques centimètres seulement, sinon ils auraient commis un meurtre). Au moment où Mr. Mohamed HAMMIA s’était reculé vers Brahim DAHANE pour l’aider à se mettre debout, les policiers se sont intervenus en le tabassant sur le dos par leurs matraques et en lui tirant sa barbe. Je signale que cet homme est âgé de 60 ans.
Quand à Mr. Hmad HAMMAD, lui aussi devant mes yeux, il a été gravement torturé avec haine et sans pitié par tout sur son corps et délaissé en pleine rue dans un état lamentable et hors conscience. Heureusement que certains citoyens sahraouis l’ont fait rentrer chez eux jusqu’au soir.
Les cas que j’ai cité représentent uniquement les personnes que j’ai vu torturé, mais d’après les informations que nous avons pu recueillir, des dizaines d’autres citoyens sahraouis et activistes des droits humains ont été arrêtés, torturés et ont subis des traitements inhumains dans les locaux de la police judiciaire ou à la sortie de la ville. De même, les maisons des activistes sahraouis ont été soumises à une surveillance serrée depuis le veille du 10 décembre.
Cette scène de répression sauvage, qui s’est déroulé devant moi, et tant d’autres interventions contre les manifestants sahraouis, qui ne voulaient que s’exprimer pacifiquement et jouir de leurs droits fondamentaux, m’ont poussé à croire profondément que les exactions des forces répressives marocaines et les atteintes graves aux droits humains, persistent dans le Sahara Occidental, sous domination Marocaine, contrairement à ce que prétend le régime Marocain et contrairement au discours illusoire véhiculé par certains sahraouis qui prétend que la démocratie est instaurée et que les libertés et les droits sont respectés dans ce territoire. Cependant, tout ce qui est arrivé, cette fois ci et autre fois, me donne plus de force pour continuer ma lutte à fin d’instaurer le respect des droits et des libertés au Sahara Occidental.
English
Testimony over December 10, 2006 in Laayoune

NAME and First name: Elghalia Djimi
Status: defender of the human rights, vice-president of Association ASVDH, member of the Committee of the Families of Disappeared Sahrawi and ex-disappeared between 1987 and 1991.
Age: 45 years
Marital status: married and mother of 5 children.

On December 10, 2006, on the commemoration of the world day of the human rights, I was, with my comrades, near the place indicated for the sit-in which our association wanted to organize on this occasion.
The ASVDH had informed the local authorities about the time: 17h, and the place: place NEGJIR, of the sit-in in accordance with the law in force.
Indeed, we were close to the place around 16: 55, and on our arrival we noted that the Moroccan repressive forces had buckled the place and had closed all the ways which carry out and towards the place of the sit-in. We walk on to the place peacefully, and suddenly, the executioner ICHI Abou Hassan, who was in his vehicle, a white Land Rover 110, followed by a staffette of the ex-GUS, jumped from his car, still running, follow-up of the police officers who were in the two cars. This executioner precipitated towards me, furious and trembling, with other police officers, wearing both uniform and civil. The others moved towards the other comrades who were near me, like: Brahim Dahane, president of the ASVDH, the famous Sidi Mohamed DADACH, price RAFTO and president of the Committee of support for self-determination in the Western Sahara, the famous human rights defender Hamad HAMMAD, member of the same committee, Mohamed Saleh DAILLAL, ex-disappeared and survivor from KALAAT Me GOUNA, Mohamed HAMMIA, Sahrawi militant of the human rights, and other Sahrawi citizens and defenders of the human rights present on the place to take part in the sit-in.
I return at what arrived to me. The executioner ICHI Abou Hassan, addressed to me in a furious and violent way. He took me by the arms and shaking me with force and insulting me with coarse words. I raised my hands while answering him: <>. He answered me in a voice full with hatred and rage: . And he gave me a violent kick which threw me by ground. All that had arrived abruptly and in a wink. After one moment I hardly stood up and I raised again my hands in the air and repeated: . He took his bludgeon without paying attention to my words and turned to strike me with its pointer and starts to give me blows with the bludgeon on my buttocks, and shouts, madly, him and his men: . I answered him that we are neither criminals nor robbers so that we flee, but we want to leave the peace by recording your savage repression.>. (I announce that I took photographs which I cannot diffuse considering the sensitivity of the places where I was beaten).
My comrades, who were close to me, have also been subjected to the same inhuman treatments. For example: Brahim DAHANE (he was tortured in front of my eyes, he was savagely beaten and each time he fell by ground he was stood up until the third time when a police officer equipped into civil, come running, gave him a kick on his genital apparatus and Mr. DAHANE fell on the pavement. Fortunately his head was not knocked with the pavement which was only in a few centimetres far, if not they would have made a murder). At that time Mr. Mohamed HAMMIA had moved back himself towards Brahim DAHANE to help him to stand up; the police officers intervened beating him by their bludgeons and by pulling his beard. I announce that this man is 60 years old.
Mr. Hmad HAMMAD, also in front of my eyes, was seriously tortured with hatred and without pity and was forsaken in the street in a lamentable state and out of consciousness. Fortunately, some Sahrawi citizens made him to their house until the evening.
The cases which I quoted represent only the people whom I saw tortured, but according to information which we could collect, tens of other Sahrawi citizens and activists of the human rights were stopped, tortured and underwent inhuman treatments in the buildings of the police or at the suburbs of the city.
Also, the houses of the Sahrawi activists were subjected to a tightened monitoring since the day before the December 10.
This scene of savage repression, which happened in front of me, and so much of other interventions against the Sahrawi demonstrators, who wanted only to express themselves peacefully and to enjoy their basic rights, pushed me to believe deeply that the exactions of the Moroccan repressive forces and the serious violations of the human rights, persist in the Western Sahara, under Moroccan control, as opposed to what claims the Moroccan regime and contrary to the illusory speech conveyed by some Sahrawi who claim that the democracy is achieved and that freedom and the rights are respected in this territory. However, all that had arrived, now and before, gives me more force to continue my fight for respect of the rights and freedom in the Western Sahara.