lundi, janvier 12, 2015

En solidarité avec Charlie Hebdo: Charlie a aussi connu le Sahara Occidental, et les Sahraouis s’en souviennent


|  Par Niko

Agathe André était allée au Sahara Occidental occupé par le Maroc à l’été 2005. Elle en avait rapporté un reportage de deux pages, « Mohammed VI fait bouffer du sable aux Sahraouis » que Catherine avait illustré dans Charlie. Une première dans le journalisme français, à une époque où le black out était total, encore plus total qu’aujourd’hui où quelques actions d’éclat comme la grève de la faim d’Aminatou Haidar, en novembre-décembre 2009, ont permis de lever un tout petit peu le voile.
Je vais mettre ci-dessous les liens permettant de retrouver cette archive au parfum d’hier (il y a pratiquement 10 ans !), mais toujours d'actualité, et je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici, auparavant, quelques titres et paragraphes bien sentis :
UN SAHRAOUI RESPECTABLE EST UN SAHRAOUI QUI S’ÉCRASE
Il est prié d’éliminer de son vocabulaire les concepts inutiles comme « indépendance » ou « autodétermination », qui produisent le même effet sur les forces policières marocaines que l’ordre « Attaque ! » sur un pitbull. […]
« Les flics me disaient que si je continuais à nier la marocanité du Sahara, panique Hamia Ahmed, cabossé de partout, ils allaient violer ma mère et mes sœurs… » […]
Et puis, une opinion demeure anecdotique tant qu’elle ne se discute pas collectivement, ni ne se partage avec le monde extérieur. « Toutes nos associations sont interdites, toutes nos rencontres sont clandestines », relate Brahim Dahane. […] […]
UN SAHRAOUI RESPECTABLE ACCEPTE DE SE LAISSER ACHETER
« La méthode des autorités marocaines est d’assimiler les Sahraouis éduqués : l’État les recrute à la condition qu’ils acceptent de partir pour l’intérieur du Maroc, et qu’ils ne reviennent pas avant cinq ans », explique Naama, diplômé en droit. […] Hamoud, professeur de philosophie, confirme : « On a voulu m’externaliser dans les écoles du Nord. Je n’ai pas accepté, mais à Laâyoune, on refuse de me donner un poste. Je touche quand même un salaire, et les Marocains ont raison de se plaindre de payer des impôts pour un Sahraoui qui ne fout rien. »
[…] Pour préserver ses chères « provinces du Sud », le Maroc consent effectivement depuis 1975 des sacrifices hallucinants, y investissant sept fois plus que la moyenne nationale… […]
UN SAHRAOUI RESPECTABLE EST AMNÉSIQUE
Il a tout oublié des atrocités commises par Hassan II. Et se soumet, comme le reste du monde, devant Sa Majesté Mohammed VI, qui a fait entrer, c’est bien connu, le Maroc dans la modernité. Il vante ce VRP fréquentable, promoteur des libertés, cet humaniste qui garantit le respect des droits de l’Homme, la séparation des pouvoirs et la transition démocratique…
[…] « Le Maroc vit dans un grand mensonge », s’énerve Addel Wahad, le corps couvert d’hématomes, membre du Comité – interdit – sahraoui contre la torture et les mines anti-personnel. « Que sont devenus les cinq cents Sahraouis disparus entre 1975 et les années 1990 ? Tout le monde s’essuie sur Hassan II comme sur un vieux torchon, mais les gradés qui nous torturent, comme El Aarbi Hariz, le responsable de la sécurité à Dakhla, sont toujours là. » […] « Nos familles ont été décimées par le père, et nous devrions encore nous taire quand on voit nos enfants tabassés par le fils ? Nous n’avons plus peur, et c’est ça qui dérange. »
Catherine a illustré avec quelques dessins « réalistes » de tortures courantes, tel le « poulet grillé » et l’« avion »…
Voici les liens :
Plus un petit encart de « Conseil aux Sahraouis pour se faire entendre par la Communauté internationale » (toujours venant d’Agathe André) :